Tout part d’une histoire mythologique, qui nous rejoint dans nos transgressions et nos drames.
Pandore ou Pandora est la première femme humaine. Elle fut créée sur l’ordre de Zeus qui voulait se venger des hommes pour le vol du feu par Prométhée.
Elle fut ainsi fabriquée avec de l’argile et de l’eau par Héphaïstos ; Athéna lui donna ensuite la vie, lui apprit l’habileté manuelle et l’habilla ; Aphrodite lui donna la beauté ; Apollon lui donna le talent musical ; Hermès lui apprit le mensonge, l’art de la persuasion et lui donna la curiosité ; enfin Héra lui donna la jalousie.
Zeus offrit la main de Pandore à Epimétéhé, frère de Prométhée. Ce dernier lui avait pourtant fait jurer de ne pas recevoir de cadeau de Zeus. Or ce frère accepta Pandore qui apportait dans ses bagages une boîte mystérieuse que Zeus interdit d’ouvrir.
Celle-ci contenait tous les maux de l’humanité, notamment la Vieillesse, la Maladie, la Guerre, la Famine, la Misère, la Folie, le Vice, la Tromperie, la Passion, l’Orgueil, mais aussi l’Espérance.
Les deux interdits furent transgressés.
Une fois installée comme épouse, Pandore céda à la curiosité et ouvrit la boîte, libérant ainsi les maux qui y étaient contenus. Elle voulut refermer la boîte pour les retenir ; hélas, il était trop tard.
Seule l’Espérance, plus lente à réagir, y resta enfermée.
En interprétant ce mythe non pas comme l’histoire d’une faute féminine, mais comme l’expression du tragique choix humain entre la connaissance et l’ignorance, les artistes ont choisi la curiosité comme personnage principal. Mais la curiosité comme vice ou comme vertu ?
Les artistes ont imaginé ouvrir le socle, cette boîte de pierres blanches, et proposer à l’imaginaire de chacun d’en faire jaillir ce qu’il veut.
Jusqu’à faire tourner lentement la manivelle ...
L’œuvre que l’on contemple a deux visages : le jour, elle semble finement dessinée en blanc et s’insère dans un bâti parisien très massif ; la nuit, éclairée à la lumière noire elle surgit comme un repère dans la ville et intrigue encore plus.
C’est ce dernier visage qui a été révélé le 3 juin 2023, puisque l’œuvre faisait partie des évènements de la Nuit Blanche 2023. Le discours, qui allait au-delà des remerciements d’usage, est revenu sur le sens de l’œuvre en invitant le public à agir : « Dans le mythe de Pandore, le plus important est ce que l’on ne voit pas : l’espérance qui reste tapie au fond de la boîte. C’est cela que l’on vous souhaite de manifester, car notre monde ne va pas bien et a besoin de vous toutes et tous pour tourner.
Alors, commencez par la manivelle qui fait tourner ces êtres merveilleux. »
Une performance chorégraphique hors normes, Connexion Céleste" est venue aussi faire événement devant cette œuvre hors normes. Un « Burlesque » hybride a pris la placette du Socle comme scène de théâtre.
Eline Cottenceau, alias Plastic Alien, styliste et costumière, qui réalise de splendides créations personnelles à partir de matériaux et tissus de récupération avait habillé sept personnages tout en couleurs.
Sept personnalités heureuses de montrer leur singularité, en allusion à la culture du Marais, de toutes couleurs de peau et de vêtement.
Sept solos pour les petits et les grands.
Sept moments de joie intense pour s’opposer aux maux du mythe de Pandore ; 20 minutes où les passants se sont arrêtés.
Un hymne au respect de l’autre.
La célébration de la vie.
La célébration de l’imagination du Socle.
Jean Deuzèmes
Grillage métallique, structure métallique, plateau tournant par manivelle, lumière noire.
3,5 x 3,5 x 2,5 m