Albert Baronian remarque la peinture de Michel Frère en 1985. Le peintre n’a que 24 ans. Depuis, il le suit, l’expose, le propulse vers New-York, Los Angeles et Paris. Tout va très vite. En 1988, il abandonne les allusions figuratives pour se lancer dans la peinture sur verre qu’il gratte et malmène afin de rejoindre une matière brute, sauvage, hantée. Mais c’est à partir de 1990 qu’il trouve son espace avec la seule peinture à l’huile mélangée au sable, au plomb et aux cendres. Dans les teintes de terre et d’anthracite, l’horizon même à disparu, tout est « plein » de vagues et de ressacs piquetés à de rares endroits, d’éclats blancs comme autant d’espoirs englués dans la noirceur d’une jeunesse en dérive. Tout est inaccessible, protégé et magnifié par la pose d’une vitre voulue comme un ultime sursaut de coloriste par l’artiste.

Neuf années d’intense travail, d’épuisement, d’exaltations. A 38 ans, la mort gagne la partie engagée. Demeure l’œuvre. Impressionnante.

Guy Gilsoul

Bruxelles, Galerie Baronian. 33, rue de la Concorde (1050). Du 12 septembre au 5 octobre 2024. Du mardi au vendredi de 11hà 18h, samedi de 14h à 18h. www.baronian.eu.