Nativité est une taloche de maçonnerie recouverte d’or sur laquelle se dessine une silhouette de peinture noire au motif arborescent. La forme obtenue et son relief sont nés de la séparation de deux surfaces « amoureuses » entre lesquelles s’est divisée de façon symétrique la matière acrylique. L’outil alter ego est supprimé et ne reste que la taloche marquée par le geste. C’est un objet industriel brut en bois et plastique extrait de son contexte - proche du ready made - choisi d’une part pour sa triangularité qui évoque l’icône et d’autre part pour son rapport utilitaire du geste à la surface. En effet, Thomas Tronel-Gauthier revisite ici le rituel fondateur du maçon servant à édifier.
Par ailleurs, il fait écho à la technique de la fresque, dont le procédé permettait de figer le dessin dans la matière fraîche. Le processus de création rejoint ici les questionnements scientifiques et spirituels de l’artiste sur l’origine du monde, notamment son intérêt pour la morphogénèse, ensemble de lois qui déterminent la naissance des formes, la structure des tissus, des organes et des organismes. Le relief noir obtenu juxtapose une arborescence assimilable aux fractales et une silhouette semi aléatoire pouvant évoquer celle de la figure humaine. La référence à l’icône et à la tradition du support bois peint traité à l’or est également un hommage à l’œuvre de Giotto (1267-1337).
Hanamate / Dessin de sable est une photographie prise durant le séjour résidence de Thomas Tronel-Gauthier aux Îles Marquises en 2012. Grains de sable, grain photo, papier à grain crayonné ou papier de verre… tant de supports qui semblent ici se métisser. L’image se fait ici témoin d’un délicat travail de dessin éphémère prélevé sur une plage de Polynésie où le sable noir basaltique cède progressivement sa place au sable blanc constitué de corail et de résidus d’animaux marins morts. Ce « dessin photographique » atteste de cette transition géologique d’une île en mutation confrontée à son environnement marin.
La composition du tableau déterminée par la répartition des différents grains de sable génère une figure énigmatique, dont la lumière semble jaillir en son sommet.
Le syntagme choisi pour titre allie singulier et pluriel. Il désigne le composant utilisé par l’artiste et introduit également la matière comme sujet, avant de renvoyer à ses sources d’inspiration, suggérant l’idée d’émergence, de naissance. Inaugurée début décembre, l’exposition fait sens avec le calendrier de l’Avent annonçant la venue du Christ.
Cette proposition offre donc ainsi une polysémie autant textuelle que visuelle.
Géraldine Dufournet