Que ce soit avec la complicité de la camera obscura ou avec le pinceau, le monde de Martin Streit (°Koblenz 1964) se conjugue en flou. Les formes relèvent-elles de l’apparition ou de son contraire ? Y voit-on naissance ou disparition ? Peut-être d’abord, une manière d’heure bleue, un entre-monde que la lumière caresse douceur et vibre en frémissements discrets.
Par exemple. Il suffit d’un bol blanc posé sur une table couverte d’une nappe blanche, le tout sur fond de mur blanc.

On songe à Morandi. Sauf qu’à la matière solaire de celui-ci se substitue l’immatérialité, l’illusion. Parfois, un citron vient troubler l’exégèse et rappelle l’énergie vitale d’une couleur alors qu’en déposant une pastèque, ce sont les teintes de velours qui imposent leur vibrato. Si l’artiste aujourd’hui basé à Cologne, choisit l’architecture, ce sont des lieux d’industrie qu’il capte ou encore des blocs isolés. S’il choisit le paysage, ce sont des nuages qui le retiennent ou alors des montagnes recouvertes de neige. Mais c’est avec la silhouette humaine que l’œuvre intrigue davantage car derrière la figure, si inatteignable, se construit le fantasme de celui qui la regarde. Qui ? Où ?
Guy Gilsoul
Bruxelles, Esther Verhaeghe Concept. 3 av G. Macau (1050). Du 12 septembre au 19 octobre. Vendredi et samedi de 14h30à 18h. www.estherverhaeghe.com