Maxim Kantor. Merry Cathedral
Maxim est un très grand artiste russe vivant et travaillant entre Berlin et l’Île de Ré. Il a déjà exposé deux fois à Saint-Merry ; en 2013, il a souhaité réaliser un grand tableau pour cette église autour de la figure du saint dédicataire, Merry ou Merri. L’Équipe Pastorale ayant donné son accord, le dialogue s’est poursuivi, un argumentaire lui a été suggéré. Après quelques essais qui ne l’ont pas satisfait, l’artiste a choisi une autre orientation et a achevé son œuvre en août 2014, puis l’a exposée une première fois dans une grande galerie étrangère, au côté de nombreuses toiles puissantes de facture expressionniste, selon son style. Il y a chez Maxim Kantor trois dimensions fortes : la dénonciation des dictatures politiques, notamment le communisme et de plus en plus souvent le despotisme de V. Poutine ; l’empathie humaine et l’ardente défense de la dignité ; l’immersion dans la spiritualité et l’expression de la foi. Avec cette œuvre, dont le titre joue avec les mots, « la cathédrale joyeuse », Maxim Kantor mêle ces trois dimensions et peint une vision prophétique de l’humanité, à partir de son interprétation des Textes. L’œuvre sera accrochée dans une chapelle Rococo du XVIIIe siècle.
Camille Goujon. Vitraux animés - Nuit Blanche 2015
Camille est une jeune artiste très innovante qui a déjà exposé une vidéo remarquée à Saint-Merry : Cruci Fiction. Elle dessine chaque image sur des plaques de verre puis monte un film à partir de ses milliers de dessins peints. Ce travail, nourri d’humour et quelque peu titanesque pour 2 à 3’ de film, est réalisé après la production d’un script qui, pour la Nuit Blanche, sera fondé sur une interprétation personnelle de passages des Écritures. Six écrans tendus entre les piliers de la nef seront visibles en recto et verso et un septième de très grande dimension sera le support d’une œuvre qu’elle vient de réaliser pour une résidence d’artistes à Pantin.
L’artiste a en outre proposé de réaliser un petit film d’animation avec des volontaires du CPHB.
Anne Gratadour. Champ de blé à Chalmont
Une œuvre « gigantesque » conçue pour la nef.
Anne Gratadour a, elle aussi, exposé sept œuvres ayant frappé l’attention, autour du thème de la mise au tombeau et de la résurrection, qui ont été accrochées dans la nef. Elle revient avec une œuvre profane, joyeuse, mais ouvrant sur un thème symbolique, la moisson. C’est la taille qui singularise cette toile conçue pour la nef : 4 x 12m. Elle pendra des voûtes.
Achot Achot
À l’occasion de l’événement « Cultures arméniennes » de janvier 2015 conçu par le jeune groupe « Souffle collectif », avec lequel V&D a déjà collaboré en faisant découvrir le courant d’artistes ivoiriens Vohou Vohou, il a été proposé à Achot Achot, plasticien arménien, d’imaginer des œuvres pouvant prendre place, avec d’autres, en différents endroits de cette église. Il a répondu à l’invitation, en peignant quatre grands étendards à accrocher entre certains piliers de la nef, quatre anges contemporains dans la résonance de toute une tradition byzantine et proche-orientale. Il réalisera en outre deux installations minimales et fragiles à base de farine, la matière première constitutive du pain. Il est possible que Saint-Merry montre une de ses vidéos pour un temps liturgique ultérieur.
Kra N’Guessan. Les « Christ de Kra »
En préparant l’exposition Vohou Vohou, ce mouvement datant des années 80 mais toujours actuel et curieusement peu connu, V&D a découvert dans les réserves de Kra N’Guessan cinq ou six tableaux : des Christ peints après la guerre d’Irak, inspirés par les tremblements du monde et ses injustices, des œuvres de taille modeste mais fortes. Contrairement à d’autres expositions qui jouent sur le spectaculaire, l’accrochage qui est envisagé privilégiera l’intime, le recueillement.
Le claustra
Lors de la restauration récente du porche de Saint-Merry, il a été procédé au nettoyage et à la réparation d’un vitrail translucide donnant sur un petit espace situé au bout de l’ancienne nef réservée à la paroisse, le deuxième collatéral sud. Si on n’en connaît pas la fonction initiale -peut-être servait-il uniquement de sas vers les caves- il a été entouré par un splendide claustra de bois Renaissance récupéré. Les usages récents ont été des plus variés : stockage de matériel, lieu de projection vidéo, accrochage d’œuvres ou d’installations.
Or cet endroit sombre a changé complètement d’aspect en devenant très clair. Un débat a été ouvert sur son occupation et son aménagement. V&D propose d’en faire un lieu d’accueil pour de petits collectifs, une halte urbaine sur le chemin de Beaubourg, incitatrice à la réflexion personnelle, un espace léger et minimaliste laissant admirer l’architecture, susceptible d’accueillir des expositions très sobres et adaptées. En accord avec la petite équipe en charge de cette réflexion et pour tester une telle appropriation du lieu, V&D a demandé à un photographe, Jean-Christophe Ballot, d’y accrocher des œuvres.
Jean-Christophe Ballot. Mains de gisants
Jean-Christophe Ballot, architecte de formation, est devenu photographe. Il produit ses propres œuvres mais répond aussi à des commandes. C’est ainsi qu’il lui a été demandé de photographier les célèbres gisants de la basilique Saint-Denis au nord de Paris. Il a utilisé avec grande justesse des éclairages spécifiques qui ont donné un aspect de douce peau humaine à ses personnages de pierre. V&D lui a demandé d’extraire les photos portant sur les mains, puis d’en faire trois groupes qui seront accrochés sur les murs blancs du claustra.
L’artiste a proposé aussi une photo du mont Athos, aussi dénudé que le claustra. Sa localisation est différée.
Jean-Christophe Ballot. Gisants debout
Lors du dialogue avec des membres de V&D, l’artiste en est venu à imaginer une autre présentation de ses photos réalisées pour les monuments historiques : mettre les gisants debout, les agrandir à taille humaine afin que les visiteurs puissent s’y mesurer, donner ainsi une vision de permanence comme le sont les piliers de pierre de Saint-Merry, créer un paysage de photos entre lesquelles on circulera, enrichir les bas-côtés de l’église d’une autre forme architecturale. Ce projet nécessite un certain nombre de moyens et devrait susciter l’étonnement tant il est en lien avec de nombreuses sources de la culture et ouvre à de multiples interprétations.
Mark Weighton. Dodecad
Mark Weighton est un plasticien, dessinateur, peintre, sculpteur, paysagiste. Il vit et travaille en Angleterre. Par la médiation d’un ami, il passe par Saint-Merry chaque fois qu’il vient à Paris. C’est donc un habitué d’un autre type ! Pour cette église, il a souhaité réalisé un vaste projet de 12 tableaux (150x150) et un plus important (300x300) : une Cène jouant à la fois sur les couleurs et les motifs d’une géométrie des lignes totalement maîtrisée. Derrière cette forme de labyrinthe à laquelle on peut aussi rattacher la tradition des mandalas, toutefois de manière épurée, l’artiste explore sa perception de l’existence où les tous êtres sont reliés. Il s’agit pour lui d’exprimer toute une spiritualité que les titres de ses précédentes expositions ne cachent pas : « The one and the many », « Incontrovertible evidence for the existence of God ». Pour produire une telle œuvre, qui exige temps et minutie, il a choisi de se mettre en résidence dans un couvent. Ce sera la première fois qu’il exposera en France.
Anne Labarrere-Beigbeder
Anne Labarrere-Beigbeder vit et travaille à Bruxelles après avoir souvent parcouru le monde. Elle construit son œuvre sur un ensemble de techniques apparemment simples : le stylo bille à 4 couleurs, des papiers Canson de petite dimension, les traits entremêlés pour déconstruire les fragments de son travail préparatoire, le tout étant fait de mémoire, et enfin l’assemblage/composition de l’ensemble sur des grilles souples de plastique destinées aux chantiers. Ce type de dessins, dont l’ensemble est, in fine, de grande taille (280X120), se fait avec lenteur et se nourrit d’introspection, le geste faisant apparaître un mystérieux inconscient d’artiste. Pour Saint-Merry, elle a proposé d’aborder la question de l’extase. À l’automne 2014, l’une des deux œuvres était achevée. L’autre viendra en son temps.
Thomas Tronel Gauthier. Le cratère
Cet artiste, qui vit et travaille à Paris, voyage dans le monde entier et y recueille des matériaux, des formes, des images et des films qui constituent la base de ses œuvres ultérieures. Il ré-explore la nature, prend certains de ses éléments, en fait des sculptures et des installations, puis les magnifie jusqu’à les recouvrir de feuilles d’or. Mais il le fait en croisant de multiples références artistiques ou spirituelles (Lire V&D : Nativité). Avec « Cratère », il passe de l’éphémère au pérenne, de la nature à la culture et propose une installation paisible et méditative, ouverte à différents sens, mais qui exprime visuellement le questionnement sur l’origine des choses, sur leur trace : un cratère d’eau laissé sur le sable lorsque la mer s’est retirée. De ce creux moulé en silicone sur place, il propose des déclinaisons introduisant l’étrangeté et la préciosité dans ses formes : la photographie, des sculptures vibrant à la lumière rasante et même dorée. L’ensemble créerait un environnement contemporain propice à une halte urbaine et pourquoi pas à la libre interprétation dans ce bâtiment saturé de peintures narratives.
Benjamin Hochart
Cet artiste qui vit et travaille à Paris crée des toiles, des dessins, des tapisseries, des formes souvent de grande taille, colorées mais captant la lumière des lieux où l’œuvre va être exposée. Il oscille entre l’informel, l’abstraction et la grande composition géométrique. Lui non plus ne délivre pas de message ; il s’efforce d’ouvrir un environnement de méditation et propose un temps de repos visuel, gratuit. Une approche contemporaine de la beauté peut-être.
Pour Saint-Merry, l’œuvre sera imaginée et prendra forme après des rencontres préalables avec des membres de cette communauté.
Vincent Dulom
Cet artiste a mis en œuvre des techniques de jet d’encre pigmentaire sur du papier Canson qui produisent des effets visuels étonnants et privilégient une forme : le disque dont les bords s’effacent. Les lentilles colorées qu’il crée semblent flotter avec leur support et attirent l’attention. Vincent Dulom, imprégné du minimalisme, a proposé d’introduire un contre-point aux décors des chapelles nord du XIXe, surchargées par leur décoration, qui plus est dans les pires conditions : la lumière froide d’octobre-novembre. « Vincent Dulom est un peintre en quête du sublime. C’est aussi un penseur dans la lignée d’un saint Augustin, dont il a en commun l’exigence, la rigueur, et avec lequel il partage le goût de la simplicité. »(Lire V&D).
Un pari étrange pour Saint-Merry : exposer trois lentilles de 50cm de diamètre placées sur des petites tables spécialement conçues pour cette installation.
JD
Messages
1. Expositions 2015 à Saint-Merry, 4 janvier 2015, 18:40, par jean Verrier
De quoi donner une folle envie d’entrer sans tarder dans l’année nouvelle ! Je suis conquis par la Merry Cathedral de Maxim Kantor annoncée depuis quelque temps déjà, intrigué par les vitraux de Camille Goujon, impressionné par le projet d’Anne Gratadour, intrigué par les Christs de Kra N’Guesdan, curieux de voir les gisants debout de Jean-Christophe Ballot, etc.
Je mesure bien le travail que cette convocation d’artistes représente et je vous en suis très reconnaissant.
2. Expositions 2015 à Saint-Merry, 13 mai 2015, 20:03, par François Debaecker
Bravo pour ce bel esprit d’ouverture, une église est un lieu bien chargé d’émotions et de foi, je trouve que l’art y a tout naturellement une place, même si comme moi on est agnostique. Surtout si ? À voir, et à dire bien sûr...