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Valérie Simonnet. Admirations // Mois de la photo



Une exposition de soixante photos souvent jubilatoires. Une artiste pour qui les musées et espaces d’exposition permettent de saisir les petits instants du quotidien ou de porter un autre regard sur les œuvres du passé. Splendide.

Valérie Simonnet est une artiste qui expose hors des galeries et que Voir et Dire « suit » avec attention. En l’automne 2014, dans le cadre du mois de la photo, elle a accroché ses photos au FIAP de Paris, cette sorte d’auberge de jeunesse haut de gamme. Ce lieu original au caractère international marqué lui va bien !

On connaît certaines des constantes stylistiques de cette photographe qui aime se lever tôt pour traquer la meilleure lumière dans les villes qu’elle arpente. Elle n’est pas une observatrice des foules, mais bien plus de la solitude et de la ville. Elle aime le formalisme et donne un caractère expressionniste à ses sujets.

Après les scènes mélancoliques d’anges proches du spectateur, après ses traversées urbaines riches de références artistiques, elle se renouvelle dans un tout autre esprit : saisir la vie, jouer avec ses modèles, s’amuser à voir l’art sous des aspects étonnants, pointer la rencontre incongrue d’un humain et d’une œuvre d’art, amener le spectateur au bord du vertige. Belle pensée critique au moment de la FIAC, ce temps de l’excitation des collectionneurs et de la curiosité des visiteurs.

Elle connaît les moments où les lieux d’art contemporain se sont suffisamment vidés de leurs spectateurs pour permettre une photo joyeuse, ironique, profonde.

Autre nouveauté, elle pratique le modèle. Ses proches jouent le jeu, mais aussi des inconnues qui acceptent d’entrer dans son protocole.

Elle propose trois types de photos : des photos sur des lieux d’expositions de l’art contemporain, des paysages improbables, une visitation du nu féminin.

Sa technique s’est perfectionnée ; la lumière est impeccable, la précision des objets et des humains contraste avec des atmosphères fuyantes, les tirages sont remarquables.
Son bonheur de l’instant capté est perceptible et se transmet à celui qui regarde. Et pourtant c’est très sérieux sur le fond ! Somme toute, un titre qui exprime bien ce que le spectateur ressent.

"Admirations" part d’un constat qui n’est pas sans rappeler Marcel Duchamp :

« En art comme en science il n’y a pas de spectateur neutre. L’œuvre nous regarde plus que nous la regardons. Elle nous transforme. Le contact de l’art n’est jamais innocent, jamais tranquille ni étal, il nous bouleverse, nous aspire à lui, nous absorbe. L’art est sans doute avec la méditation la dernière tentative de résistance à la société marchande. Non qu’il résiste à la commercialisation de ses produits mais dans sa « consommation » il reste insoumis au rythme qu’impose l’avidité de notre époque.
L’art nous arrête, nous pose, nous propose un arrêt sur image et son rythme propre qui est souvent celui de la lenteur, de la profondeur, de la fascination, de la traversée du miroir. Ce sont ces instants de suspension dans l’œuvre, de flottement arrachés à l’utile. »

Mais Valérie Simonnet n’est pas conceptuelle, elle est attentive au réel. Celui qu’elle affectionne, ce sont les lieux des grands évènements de l’art contemporain parisien : le Grand Palais, à l’occasion notamment de Monumenta, le Palais de Tokyo avec ses expositions novatrices, la Cité de l’Architecture. Elle les transforme en saynètes où sont mis en scène des objets silencieux, des « gens de peu », des visiteurs.

L’amitié de ses proches est propice au jeu du modèle. Car il y a bien du jeu dans ces regards et ces relations. Il y a de l’inédit dans les lieux qu’elle choisit et les gestes posés. Valérie Simonnet s’amuse et nous entraîne derrière elle.

Mais c’est dans les photos de nu féminin qu’elle innove le plus en associant de manière troublante la photo d’une peinture de nu, souvent très connue, et le corps d’un modèle réel qui, éclairé de manière savante, est importé via Photoshop et substitué au nu de l’image de départ. Les odalisques et autres courtisanes du XIXe prennent alors un visage très contemporain. Que veut dire l’artiste par ce jeu de translation subtile et de réexploration des grands maîtres ?

La photographie de Valérie Simonnet intrigue, oblige le visiteur à s’arrêter et à rechercher le détail qui signe l’ironie ou l’étrangeté de la situation.

Monsieur et Madame Dieu (Cité de l’architecture)

Mémoire (Berlin)


Lire articles sur Valérie Simonnet dans Voir et Dire :

La rue parle
Nuit Blanche 2011
La cité étrange

Valérie Simonnet expose depuis 2008

« Admirations » jusqu’au 23 novembre 2014
FIAP Jean Monnet de Paris,
30 rue Cabanis, 75014 Paris

Contacts :

http://www.fiap-cultures.fr/
http://www.simonnetvalerie.fr
httb ://www.valeriesimonnet.blogspot.fr

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