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PIERRE KLOSSOWSKI. LA BELLE EMPOISONNEUSE. BRUXELLES
lundi 12 février 2018
Frère ainé de Balthus, Pierre Klossowski est un artiste sulfureux de tous les talents (écrivain, traducteur, dessinateur), mêlant la scolastique à l’analyse de Sade. Comme le dit notamment la courte notice incomplète de Wikipedia :
« Durant l’Occupation allemande, Klossowski entreprend des études de scolastique et de théologie à la faculté dominicaine de Saint-Maximin, puis à Lyon au séminaire de Fourvière et, enfin, à Paris, à l’Institut catholique. Il se trouve en contact avec des réseaux de la Résistance. À la Libération, il collabore à la revue œcuménique Dieu vivant. Mais, revenu à la vie laïque, il se marie en 1947 avec Denise Morin, une résistante rescapée du camp de Ravensbrück, et publie un ouvrage retentissant, Sade mon prochain. »
Dans la conjoncture actuelle de lutte contre le harcèlement des femmes, l’œuvre dessinée de cet homme formé par Rainer Maria Rilke et André Gide, dérange et pose la question de l’autonomie de l’art et de la liberté de l’artiste par rapport à la société.
Guy Gilsoul, historien de l’art et ami du réseau V&D à Bruxelles, commente une exposition de la Galerie Internationale Gladstone
La belle empoisonneuse
Qui est cette belle empoisonneuse, héroïne de cette grande composition graphique (1m50 haut) signée par l’un des artistes les plus intrigants et les plus controversés du XXe siècle : Pierre Klossowski (1905-2001) ? Tout à la fois écrivain, philosophe, théologien et traducteur, il est encouragé, comme son frère, le peintre Balthus par Rilke qui l’amène dans les années 1920 chez André Gide dont il devient secrétaire. Son œuvre écrite et dessinée est commentée par Michel Butor et Maurice Blanchot, elle inspire Gilles Deleuze et Michel Foucault alors que Georges Bataille l’encourage à poursuivre. Mais quoi ? Une quête qui entremêle les écrits religieux, ceux de Sade, la fureur de Nietzche et… la psychanalyse. L’homme est érudit et manie les propos de Heidegger, de Wittgenstein mais aussi de Suétone ou encore les mythes grecs. Il ne craint pas, afin d’approfondir encore ce mental qu’il pourfend, de rejoindre les Dominicains puis les Franciscains ou encore les Luthériens. Sur sa route, il rencontre aussi Denise, une réfugiée des camps qui devient Roberte, l’héroïne d’une trilogie écrite entre 1954 et 1960. Il y est question du désir, du sexe, des fantasmes et du sacré, le tout entraîné dans une logique vertigineuse dont on sort épuisés ou enthousiastes. Balthus ayant décliné l’offre de son frère d’illustrer le premier de ces livres, Klossowski décide de prendre le crayon. Une nouvelle aventure commence qui peu à peu supplante l’écrit. Le trait est parfois jugé maladroit, les compositions par trop maniéristes, les teintes subtilement voilées. Pourtant, l’image percute l’œil et y demeure, suspendue. Alors oui, en effet, il n’affirme pas déplace son propos d’une intellectualité exacerbée vers un univers visionnaire qui s’adresse d’abord aux sens quitte à les malmener. Pour la première fois en Belgique et depuis New York, huit grands dessins sont présentés dans une galerie privée. Guy Gilsoul
Bruxelles, Gladstone Gallery. 12, Rue du Grand Cerf (1000). Jusqu’au 10 mars. Du jeudi au vendredi de 10h à 18h et e samedi de 12h à 18h. www.gladstonegallery.com
Ill : PIerre Klossowski, la belle empoisonneuse, 1980. 149.9 x 143.8cm.
Une courte vidéo parmi bien d’autres sur le lien entre le dessin et la littérature chez Pierre Klossowski (>>>)