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IN-NATURA. DOC : 9-17 SEPTEMBRE
lundi 11 septembre 2017
Une expo splendide et trop brève : du 9 au 17 septembre 2017.
L’association Artais qui met en rapport la jeune création avec des publics et organise des visites multiples fête ses dix ans en exposant dix artistes qu’elle a particulièrement suivis. Le lieu choisi est lui aussi hors normes, le DOC !, un ancien lycée professionnel de Paris 19 reconquis par une soixantaine d’artistes qui y travaillent en mutualisant leurs moyens et dont le site internet est original.
Les dix artistes sont plus que prometteurs et ont été exposés dans les lieux qui comptent, la Fiac, la Palais de Tokyo, sont en galerie et ont parfois obtenu des prix.
Ils partagent ici une préoccupation commune : la réflexion sur la transformation de la nature, en ramenant dans l’espace d’exposition des traces de celle-ci, réelles ou métaphoriques. Ils sont très différents des artistes du Land Art qui sortaient de l’atelier, inscrivaient leur œuvre dans une nature dont ils ne prélevaient qu’une trace visuelle. Au DOC ! la nature ne fait pas l’objet d’un discours politique, type écologique, mais d’une réflexion respectueuse sur ce qu’elle est, ce qu’elle donne ou évoque.
Thomas Tronel-Gauthier
The last Piece of Wasteland#10, Résine teintée, coquillages, châssis aluminium
153 x 145cm, 2017
Récif d’éponges, élements naturels et porcelaine. 2017
Courtesy de l’artiste et Galerie 22,48m.
V&D a déjà rendu compte de son talent et de son sens des matériaux >>> . Il a voyagé dans le monde et rend compte de l’eau, du caractère fascinant des traces qu’elle laisse sur les plages quand la mer se retire. Mais il montre aussi une pièce étonnante en porcelaine immaculée inspirée d’une découverte archéologique déposée au musée de Thessalonique, des lampes à huile prises dans des coraux pendant des siècles, à la suite du naufrage du navire qui les transportait. Il a réalisé un objet composite, dans l’esprit de Carambolage >>>, la célèbre exposition de Jean Hubert Martin, fait d’éponges du commerce, de lampes de bazar, de détritus de la mer et de pierres diverses. Une pièce de collection digne d’un cabinet de curiosité.
Cécile Beau et Anna Prugne
La Siouva, souche, tronc, 2,60 x3 m, 2017
Elle nous montre régulièrement les mutations de la nature notamment au travers des arbres, qu’elle fait poser, tel un modèle, sans trace humaine parfois avec un fond sonore. Pour le Doc, elle a choisi une simple souche aux très longues branches en substitut de racines, mystérieuses, qui évoque naturellement les araignées de Louise Bourgeois, mais en moins inquiétantes, car le spectateur est en rapport avec le bois réel et familier.
Julie Legrand
Les Absents, tronc d’arbre, frêne, verre filé au chalumeau, 4m x30 cm, 2017
Bonjour, pierre, verre filé au chalumeau, (deux éléments) 100x60x40cm, 2017
Sa branche de hêtre sur laquelle elle a filé du verre attire tous les regards. La matière organique, le bois, est le support au minéral, comme dans les œuvres de Kounellis. Mais ici, pas de lecture politique ou de références au marxisme usuelles chez ce représentant de l’Arte Povera, uniquement une affirmation délicate de la fragilité des nouvelles ramures qui surgissent au printemps.
Son autre sculpture de verre évoque un petit massif de corail ou encore les bouquets de gui que l’on met au-dessus des tables en guise de souhaits de bonheur. L’humain est tapi dans les œuvres de Julie Legrand.
Emmanuel Régent
Les nuits de Meltem, mâchoire de daurade en argent sur monochrome bleu, dimensions variables, 2013.
Ciguë, feutre et encre de Chine 130x110cm,
Courtesy Analix Forever (Génève), Caroline Smulders (Paris), Espace à vendre (Nice)
Le dessinateur de la nature se glisse aussi dans la sculpture.
À côté de son grand dessin au feutre fin et à l’encre, qui relève de l’herbier marqué par le temps, une sorte d’étrange bijou. Des petites mâchoires de daurade recouvertes d’argent ! L’artiste soigne ses présentations et ses références : le fond bleu Klein d’un mur qui semble immense, une disposition sur le principe des indifférences de Filiou, etc. L’artiste passe d’un monde à un autre en toute agilité.
Tatiana Wolska
Untitled nails, aimant et clous, dimension variable.
Sa grande sculpture rouge et fragile, « Le principe d’incertitude » a été suspendue pendant longtemps au Palais de Tokyo. Ici, elle propose une étrange sculpture de clous aimantés, dans un angle de murs, tel du lierre qui se dégrade avec le temps, comme l’atteste le petit tapis de clous qui s’est formé par terre.
Vraiment un concentré de belle exposition.
Jean Deuzèmes.
DOC : 26 rue du Docteur Potain, Paris 19e
Exposition du 9 au 17 septembre 2017 tous les jours de 15 à 19 heures et sur RV