On pense à On Kawara qui, avec ses Date Paintings, peignait la date du jour, méticuleusement et toujours de la même manière, dans des couleurs subtiles sur un petit tableau, avant de le déposer dans une simple boîte en carton, avec un journal du jour attestant la date et le lieu. Il envoyait aussi des télégrammes avec la date du jour « Je suis toujours en vie ». C’était avant Twitter.
On n’est plus dans les années 70 où la peinture était écartée.
Nous sommes dans les années 2010, où l’on déclare le retour du dessin et de la peinture sous toutes ses formes.
Avec Anne Christine Dura, chaque mois se transforme en tableau de 28 à 31 dessins (4 rangées de 7 jours et 1 rangée de 2 ou 3). On glisse du petit carton délicat à l’éphéméride sans chiffre ni lettre.
Douze reliquaires du temps qui passe et non du temps qu’il a fait.
Une suite personnelle de fragments de ciel, à l’opposé de l’écriture quotidienne d’une Annie Ernaux qui consigne tout ce qui se passe en elle avant d’en faire une œuvre neutre, objective, sans valorisation.
Ici, on ne connaît rien d’Anne Christine Dura, sauf quelques moments de subjectivité et de vibration à la lumière.
Douze tableaux sur lesquels le regard glisse avant de pénétrer dans l’un d’entre eux et de s’arrêter sur un carton. Pourquoi lui et pas un autre ?
Jean Deuzèmes
***Répéter.
Depuis septembre 2013, chaque jour je peins le ciel vu de ma fenêtre.
Ce rendez-vous privilégié de la journée est une contemplation joyeuse et légère de ce qui m’est donné à voir : accueillir et esquisser ces instants mouvants, fluides et éphémères.
Quelles que soient la couleur du ciel, la monotonie des jours d’hiver, je dessine et tout doucement je me laisse enseigner dans ce voyage immobile.
Scruter, chercher, questionner, cheminer…
J’ai commencé ce travail presque par hasard. Pendant toute une période, je cherchais l’inspiration. Pour affronter la page blanche et me délier la main, j’ai simplement dessiné ce qui m’était donné à la fenêtre de mon bureau, le ciel.
Au fur et à mesure de l’observation du ciel, j’ai été de plus en plus fascinée par les nuages qui se font et se défont plus rapidement que mon pastel sur le papier. Et j’ai décidé d’en faire un rendez-vous quotidien. D’un simple exercice d’échauffement, le ciel est devenu mon sujet premier, aujourd’hui encore.
Pour conclure, j’emprunterai à P. Rabhi une phrase qui fait écho à mon travail : « Il faut se mettre dans une attitude de réceptivité, recevoir les dons et les beautés de la vie avec humilité, gratitude et jubilation. Ne serait-ce pas ça la plénitude de la vie ? »
Anne Christine Dura
acdura@blancdeciel.fr
Artiste plasticienne (peinture, céramique et installation), elle expose régulièrement depuis 2009.
Styliste free lance et codirectrice de l’agence l’ART CEDILLE.