[**Voir et entendre un extrait de l’œuvre de Christian Marclay *]
Ce chef d’œuvre pousse à un point extrême l’esthétique de la citation, du fragment et de l’emprunt que le mouvement Dada et Marcel Duchamp avaient initiée. Cela traduit parfaitement le courant Fluxus des 60’s qui ne voulait pas séparer l’art de la vie.
Ici le temps se présente de multiples manières :
– le temps narratif du film, puisque l’on découvre ou redécouvre des films par extraits, dont la narration est brisée pour une autre, celle de Christian Marclay
– le temps biologique du spectateur qui voit sur l’écran l’heure qu’il est mais plus encore ressent le temps qui passe inexorablement de minute en minute, la notion d’heure étant submergée par celle de durée
– le temps personnel du spectateur qui se souvient du film qu’il a vu dans le passé et qui réactualise d’autres souvenirs de portes qui claquent, de personnes aimées qui s’en vont, etc. Le temps imaginaire devient réel. Un cauchemar ?
The Clock, par ses plans savamment enchaînés est aussi une fantastique machine à remonter le temps et à en perturber la linéarité première, les films de 2005 pouvant précéder ceux de 1930 et cela sur un siècle de cinéma.
En s’asseyant devant l’écran, le spectateur, tel Alice, plonge dans une vision en abyme.
L’œuvre musicale et son rythme sont inséparables du fleuve visuel. Le son, les voix, les bruits jouent des rôles fondamentaux et nous enferment encore plus dans les engrenages du projet artistique d’un cinéaste qui est musicien et compositeur.
Techniquement, la force de l’œuvre tient à la qualité et à la diversité des transitions des séquences qui peuvent être de 5 secondes à 1 minute. Le son - musique, bruit ou voix - a ce rôle fondamental d’assurer le lien entre les plans de films successifs différents, mais formellement ou dramatiquement liés, y compris par la rupture de style cinématographique.
Palpitemps…
V&D