Job continue à questionner, à susciter des commentaires.
Une des dernières tentatives littéraires brillantes : « Vies de Job » de Pierre Assouline, François Nourissier (éd. Gallimard, 2011).
Et toujours Soren Kierkegaard :
« Quand une génération a vécu son temps, accompli son obligation, livré bataille, ce fut Job qui l’a guidée ; quand la nouvelle génération se trouve prête pour commencer la journée, Job est à nouveau présent et occupe sa place dans l’avancée de l’humanité. »
Sans oublier Ernest Renan qui fit du livre de Job, un terrain d’application de ses méthodes historico-critiques, privilégiant une interprétation philosophique au grand damne des cléricaux de l’époque.
« Mais un mot que ni Job ni ses amis ne prononcent a acquis un sens et une valeur sublimes : le devoir, avec ses incalculables conséquences philosophiques, en s’imposant à tous, résout tous les doutes, concilie toutes les oppositions et sert de bases pour réédifier ce que la raison détruit ou laisse s’écrouler. Grâce à cette révélation sans équivoque ni obscurité, nous affirmons que celui qui aura choisi le bien aura été le vrai sage. Celui-là sera immortel ; car ses œuvres vivront dans le triomphe définitif de la justice, le résumé de l’œuvre divine qui s’accomplit par l’humanité. »
Bien sûr, cette histoire et ce personnage qui ont une dimension universelle occupent une place fondamentale dans les trois religions et nourrissent maints commentaires au bénéfice des croyants : quelle est la place de l’espérance dans les situations terrestres où sont imbriqués le bien et le mal de façon permanente ? Et Dieu dans tout cela ?
Cette exposition n’est pas un succédané de la grande expo de Beaubourg « Traces du sacré » de 2009, même si elle comprend l’œuvre de Jean Michel Alberola, « L’espérance à un fil », qui concluait, la très grande, celle de Jean De Loisy.
De taille modeste, elle possède cependant une dynamique propre, balançant entre ces deux pôles, mythique et religieux, entre-deux où généralement les œuvres trouvent leur terreau.
« Job apparaît comme un personnage à la fois universel et énigmatique, figure de l’homme qui reste dans la lumière malgré les épreuves qui lui sont infligées. Véritable panorama de la création actuelle, d’une grande diversité formelle et technique, l’exposition révèle la profonde richesse d’interprétation du mythe. Dans un contexte marqué par la crise, elle dévoile l’engagement sans faille de ces artistes de sensibilités et d’horizons différents pour porter une pulsion d’espoir au cœur de la société. »
Elle affiche donc un parti pris qui a sa valeur : l’espérance est une donnée anthropologique dont les individus et la société ont toujours besoin pour continuer à être, pour construire des réponses lors de la confrontation à l’absurdité de la souffrance.
« L’espérance est un défi, chez Job, elle l’est incontestablement. Imposer un tel thème à des artistes est une astreinte. N’est-il pas plus facile de peindre, de sculpter, de modeler librement dans son atelier que de répondre à une demande ?
Sans doute ! Pourtant, pour nous aujourd’hui, chaque artiste a pris soin de lire le texte de Job, de se documenter, voire de travailler avec un rabbin, un prêtre ou un philosophe. Chacun, à sa manière compte tenu de son origine, de sa tradition, a cherché à déceler où, et à quel niveau, se situait le défi de Job, sans perdre de vue le thème général de l’espérance.
Quelle est la genèse de cette exposition ? Depuis plusieurs décennies, nous avons la conviction qu’il est stimulant et riche de faire travailler des artistes sur des thèmes choisis et d’en exposer les œuvres. » Association Spiritualité et Art
Les artistes invités :
– Jean-Michel Alberola : « L’espérance à un fil »
– Carole Benzaken : « Yémima »
– Vincent Bioulès : « Cela s’appelle ne pas être seul … »
– Pierre Buraglio : « Le souffle à la surface »
– Jean-Marc Cerino : « Le groupe Ounovis à la gare de Vitebsk »
– Philippe Cognée : « L’homme nu et Le Vieil homme »
– Marc Couturier : « Job »
– Jean Daviot : « Espère »
– Patrice Giorda : « L’aide »
– Alain Kirili : « Espoir »
– Christian Lapie : « Dans le souffle des cendres »
– Denise Lioté : « D’ombre en lumière »
– Najia Mehadji : « Drapé (l’espoir de Job) »
– Eric Michel : « Infini »
– Yazid Oulab : « Espérance et M’aimes-tu ? »
– Raphaëlle Pia : « Rives 3 ou Ma vie n’est qu’un souffle (Job 7-7) »
– Pascal Renaud : « Sans titre »
– Yann Toma : « Le serment de Job »
[(Lieu d’exposition : 78 rue Bonaparte, 75006 Paris)]
[(Un numéro Hors série de Art[absolument])]