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Elles à Beaubourg



Une grande exposition qui questionne le genre en arts visuels, 4e et 5e étages de Beaubourg ; Exposition ouverte jusqu’en mai 2010

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Artiste s’écrit de la même manière au féminin et au masculin. Le centre Beaubourg prend parti et décide de montrer la partie des collections constituée d’œuvres réalisées par des femmes en rendant aux dames un vibrant hommage, sur un espace de 8000 m2. Rothko, Picasso, Miro, Duchamp ont donc pris de grandes vacances. Après Manifeste (2000), Big bang (2005), Le mouvement des images (2006), le centre poursuit son projet de nous faire redécouvrir ses richesses sous un autre regard. Ici 200 artistes et 500 œuvres sont présentées sous un angle historique et plastique. C’est beaucoup, passionnant et représentatif des points de vue successifs du centre, mais les femmes artistes ne constituent que 18% des collections… C’est peu pour représenter la moitié du monde !

L’expo commence fort avec Agnès Thurnauer : des pin’s géants aux noms de Annie Wharhol, Francine Bacon, qui questionnent notre imaginaire implicite sur ce que peut receler un musée. La question est posée : existe-t-il un art au féminin ? Les premières salles évoquent alors la manière dont la question a émergé durant les années 70.

Cette entrée en matière est moins virulente que celle d’une récente biennale de Venise, où le seuil avait été confié à des féministes, les guerilla girls, dénonçant la faible place faite aux femmes dans les musées : au milieu du hall de l’Arsenal un immense lustre vénitien de 4 m sur 5 m tentait de nous éclairer sur la question ; en vain, il était fait de Tampax et non de morceaux de verres éclatants.

Certes des pièces sont très largement revendicatives et traduisent la place de la femme dans la société, mais les questions posées sont bien souvent celles de l’humanité.

Cette exposition à thèse est marquante sur au moins deux points :
Cette visite des œuvres, dont on connaît déjà beaucoup, se fait dans le cadre de grandes séquences : Feu à volonté, Corps slogan, Eccentric abstraction, Une chambre à soi, Les mots à l’œuvre, Immatérielles, Pionnières, elles-mêmes comprenant des salles nommées : Muses contre musée, Genital panic, Rouge est la couleur, etc. On se voit donc proposer une lecture stimulante par associations esthétiques ou d’engagement pour l’art et la société.

Par ailleurs, les cartels des œuvres ne sont pas seulement descriptifs (XX, 1978, Sans titre), mais sont des paroles d’artistes. C’est ainsi que circule une vision entre mots et images, objets, installations. Par exemple, en face d’un de ses triptyques Geneviève Asse, artiste minimaliste de la transcendance écrit : « Lumière reflet de l’œil. Soleil gris, rouge de l’ombre. Blanches falaises dans la brume. Échafaudage qui se retire et laisse suspendue la construction. Balance de silences et de sons sur la toile sur qui se transforme selon l’heure et ouvre l’espace à l’architecture secrète ». Ces cartels ne sont donc pas des descriptions mais des évocations denses ou poétiques. Un délice. Le catalogue de l’exposition en est truffé.

Une question demeure à la fin du parcours car au fur et à mesure, la manière bien spécifique de parler de l’art au féminin semble s’estomper. Que reste-il de l’intention initiale ? Cela m’a fait penser un peu à la question des années 70 et 80 : Dieu est-il féminin ou masculin ? La revendication de théologiennes américaines était de tout féminiser.

Or, la réponse se trouvait dans les psaumes qui, dans un contexte patriarcal qui n’est plus le nôtre, parlent si bien de la tendresse paternelle de Dieu Tout est lié, le féminin et le masculin sont tissés de la même pâte humaine.

À vous, homme ou femme, de construire votre réponse.

Mais reconnaissons-le, Beaubourg est ici passionnante et attirante. De quoi faire plusieurs visites tout au long de l’année, sans nul doute.

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