Du 24 janvier au 19 février 2010 dans le claustra.
"Tester le matériel"
Il y a dans les dessins d’Aurore Pallet un subtil accord entre le médium utilisé -le dessin au crayon-, la technique – une grande maîtrise de la ligne et de la profondeur de champ- et les sujets qui relèvent de l’intime, de la fragilité de l’homme, du rêve tant les figures nous semblent étranges et attirantes, calmes et déstabilisantes à la fois. Chaque dessin agrandi par la vidéo raconte une situation souvent ancrée dans l’enfance et la mémoire des contes et de la vie. Ambivalence donc propre au rêve, à leur réalité pourrait-on dire…Cette jeune artiste se situe bien dans l’irréel et prend le risque de l’explorer, pour que nous voyions le réel d’un autre œil en quittant l’exposition. Une œuvre contemporaine et méditative. Tester le matériel, comme le dit Bashung dans la chanson que l’artiste a souhaité citer, en accord poétique. Tester le spectateur et ses souvenirs sûrement.
Commentaire de V&D
Les dessins d’Aurore Pallet s’inscrivent dans une tradition toujours actuelle comme l’atteste l’exposition simultanée de Sandra Vasquez de la Hora
Une expo de dessins projetés et des références à Bashung…
« Tester le matériel"
Ces dessins constituent de petits espaces clos dans lesquels les personnages que je mets en scène sont retenus prisonniers. Ils évoluent seuls dans un monde flottant, vidé de toute consistance, à la rencontre d’images hallucinatoires. Celles-ci prennent les formes à la fois attirantes et angoissantes de leurs solitudes, de leurs peurs, de leurs incompréhensions, de leurs désirs d’évasion.
À travers ces scènes, je découvre des motifs ancrés profondément en moi et qui me dépassent : les images d’animaux, d’abandon, d’enfermement, appartiennent à un univers qui m’est familier et que je ne comprends pas, comme si ces dessins étaient les illustrations de très vieux contes dont j’aurais oublié les histoires. Ici le récit m’échappe, il laisse place à des rencontres où s’exerce une tension fragile, jamais résolue, entre des éléments qui appartiennent au terrestre et d’autres qui sont de l’ordre de l’aérien.
Au cœur de tout cela, il y a, je crois, un profond sentiment d’irréalité que j’éprouve face à ce qui est visible : mes personnages sont enfermés dans un monde d’apparitions qui sont autant de plongées en eux-mêmes et qui dans le même temps les mettent à distance de la réalité qui les entoure. Dans cet éloignement, il ne demeure plus rien que des images mentales et une grande angoisse de devoir faire confiance à ce qui n’existe pas.
Aurore Pallet
Cliquez ici pour voir la vidéo des dessins de Aurore pallet durée : 2’’
Alain Bashung, L’irréel (extrait de l’album L’imprudence)Continents à la dériveQui m’aime me suiveGouffres avidesTendez-moi la mainRêves et ravinsRèglent nos moulinsCalent nos chagrinsLe temps écrit sa musiqueSur des portées disparuesEt l’orchestre aura beau faire pénitenceUn jour j’irai vers L’irréelTester le matérielVoir à quoi s’adonneLa madoneUn jour j’irai vers une ombrelleY seras-tuY seras-tuY seras-tuContinents à la dériveUne vague idée me guideC’est l’heure où je me glisseDans les intersticesÀ l’article de l’amourJe redeviendrai l’enfant terribleQue tu aimaisUn jour j’irai vers L’irréelUn jour j’irai vers une ombrelleY seras-tu ? Y seras-tu ? Y seras-tu ? Y seras-tu ? Y seras-tu ?