Le déambulatoire s’était transformé en un lieu propice à la découverte méditative et onirique, avec deux œuvres symboliquement projetées de part et d’autre de l’abside centrale, la chapelle de la Vierge, lieu de recueillement pour nombre de passants. C’était le off
2256 : LA SOURCE BLEUE de Jean-Pierre Porcher. L’œuvre vidéo est un ensemble de photos qui se nourrissent de correspondances inattendues entre deux lieux, La Défense et Saint-Merry.
À l’origine, une grande photo posée devant le maître-autel lors de l’exposition d’été sur l’eau à Saint-Merry en 2011. En cherchant la bonne inclinaison, l’artiste a découvert, par simple effet de miroir, des perspectives étonnantes offertes par cette église du gothique flamboyant et par ses vitraux.
Il s’est mis alors à photographier le bâtiment par ce biais et a découvert des correspondances de couleurs et de formes avec le sujet de sa précédente exposition – 2256- sur la Défense, d’où était extrait La source bleue !
Aussi, l’œuvre présentée lors de la Nuit Blanche est profondément onirique ; un peu de la même manière que Septima, elle associe deux lieux : un quartier de bureau et un bâtiment de culte.
En projetant ses vues transfigurées de Saint-Merry et de La Défense, Jean-Pierre Porcher utilise naturellement la posture de mise en abîme qu’il avait déjà adoptée antérieurement avec Le Christ de Ivan Kraskoï, (exposée dans le Claustra en 2010) et où il traitait une question : qu’est-ce que voir quand on visite un musée ?
Pour la Nuit Blanche, il avait écrit un poème onirique en photos, en l’honneur de vitraux du XVIe.
LA CHUTE. L’œuvre récente de Valérie Simonnet a pour sujet la ville et plus particulièrement la solitude de l’homme dans les foules et les lieux. (Voir « La rue parle » exposition présentée dans le claustra en février 2011).
Pour la Nuit Blanche, l’artiste parle des villes et des paysages du Québec ; elle propose une œuvre fortement émotive et méditative sur la disparition-absence d’un être cher, sur la manière dont l’homme y fait face, sur les lieux qui résonnent du manque.
Or une des veines traditionnelles de la peinture, notamment d’église, a été de montrer des anges de réconfort, des messagers qui viennent auprès de l’homme blessé ou esseulé.
Valérie Simonnet, un peu comme Wim Wenders dans le film « Les ailes du désir », reprend le sujet d’une autre manière : l’homme a pour partie les attributs de l’ange, d’où les ailes de ses personnages.
Comme l’ange, il visite une terre qu’il juge parfois inhabitable, où l’incommunicable prévaut, où l’harmonie semble si lointaine. De son côté, comme l’homme, l’ange est vulnérable et comme lui il chute, il est seul.
Mais en fait, cette œuvre, faite d’un nombre limité de photos finement ciselées, est bien plus proche des réalisationsdu vidéaste Paul Chan, qui dit le désir de spiritualité dans une société saturée d’objets de consommation et de signes ayant presque des statuts de dieux mais ne pouvant pallier le manque fondamental en tout être humain.
Pour Valérie Simonnet, l’homme est incomplet, mais il a des ailes si l’on veut bien les voir…
Elles lui permettent de visiter les terres de l’émotion et de l’empathie…