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RAPHAËL DE VILLERS. CRECHE DE LA MADELEINE 2017
mardi 26 décembre 2017
« Arriver là, une promesse », une crèche ne laisse pas indifférente la foule qui afflue dans cette célèbre église.
Œuvre d’un artiste qui maîtrise les grandes échelles et opte souvent pour des matériaux modestes, elle s’inscrit dans la ville des fortes disparités sociales et frappe fort.
Cette installation de Raphaël de Villers, au pied des escaliers montant à l’autel, est peu commune : un caddie, des planches, des matériaux bruts récoltés dans la rue la semaine qui a précédé le vernissage, des santons des années 60, très datés, et un spot lumineux qui balaye en boucle l’architecture de l’imposante église néoclassique en passant par le berceau de l’enfant.
Surprenant, décapant et juste d’un bout à l’autre. La précarité est visible jusqu’à être choquante, la lumière liée à cette crèche est parfois éblouissante.
Raphaël de Villers. « Arriver là, une promesse ». Crèche de la Madeleine 2017 from Voir & Dire on Vimeo.
Raphaël de Villers, qui aime assembler des matériaux composites, colle à la réalité de ce qu’a été l’événement raconté par saint Luc, mais largement enjolivé par des siècles de représentations artistiques : des étrangers arrivant dans une ville, tels des réfugiés d’aujourd’hui. Il leur fallait bien se loger, d’autant que Marie allait accoucher comme le dit le Texte. Le couple a trouvé l’arrière d’une auberge, aujourd’hui ils auraient trouvé un coin avec des cartons, des planches, etc., le 115 ne répondant plus.
Poursuivant son récit, Luc mentionne des effets de lumière : Thierry Goron, le spécialiste de l’éclairage, a splendidement saisi cela par trois moyens. Le faisceau qui balaye lentement cette partie de l’église, un crépitement de flashs sur le berceau, comme ceux des surveillances aux frontières, et enfin ces grands lustres triviaux de plastique dont la lumière croît et décroît paisiblement, telle une respiration de parents penchés sur leur enfant.
On comprend le choc de ceux qui attendaient un spectacle traditionnel, le cahier de réactions en est le reflet. Ces images colleront à leur esprit, comme les images des réfugiés. Peut-être feront-ils le lien.
À la Madeleine, l’équipe pastorale a pris des risques, et notamment Bruno Horaist, le curé, Isabelle de Laroullière, responsable de la crèche dans cette église, et Pauline de Laboulaye, commissaire de l’exposition.
Radio Notre-Dame a soutenu l’initiative. Ecouter
Ce pari d’ouverture et d’engagement dans l’expression contemporaine doit être chaleureusement salué.
Jean Deuzèmes
Raphaël de Villers est un grand céramiste
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