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Jean-Pierre Porcher. Le Corbusier, une promenade picturale



Décembre 2012,dans le cadre du Mois de la Photographie, Maison de l’Architecture à Paris, au Couvent des Récollets. La photographie entre architecture et peinture. Onirique.

Une exploration poétique de l’œuvre de l’architecte, qui se voulait peintre, en 38 tirages inédits, une interprétation par un photographe architecte, la mise en écho de deux imaginaires, dans le cadre du Mois de la photo à Paris.

À voir absolument car splendide et mis en scène avec une minutie qui tient de la rigueur corbuséenne !


Le projet photographique de Jean-Pierre Porcher, Le Corbusier « une promenade picturale », s’est inscrit dans le thème « Le réel enchanté » du Mois de la Photo à Paris en novembre 2012. Cette exposition s’inscrit pleinement dans la thématique proposée, car le photographe propose un enchantement « augmenté » de huit œuvres de l’architecte de Ronchamp.

Jean-Pierre Porcher qui est architecte de formation s’est consacré à la photographie et a reçu plusieurs fois des commandes de maîtres d’ouvrage pour rendre compte de l’architecture des autres. Il y a répondu avec sensibilité dans plusieurs directions : garder des traces factuelles de la construction, qui est un processus rapide à l’échelle d’une vie ; rendre présent ce qui peut sembler banal et ou encore magnifier des espaces simplement appropriés par des habitants (à Saint-Ouen par exemple) ; ou encore pour ouvrir de nouveaux points de vue esthétiques sur ce qui est monumental par excès (La Défense). Ici il propose une interprétation personnelle de l’œuvre et de l’esprit artistique de Le Corbusier, qui passait ses matins à peindre.

L’approche photographique de Jean-Pierre Porcher est unique : prendre un objet sous un certain angle et faire tourner avec maîtrise son appareil photo de manière à créer une nouvelle image d’architecture : en un mot rendre mobile et faire vibrer ce qui est fondamentalement statique.

Avec ce projet Le Corbusier, Jean-Pierre Porcher offre une perspective que l’on découvre après coup comme très ambitieuse : faire une œuvre poétique construite avec de la lumière (l’objectif et le tirage sur papier) à partir d’œuvres architecturales qui sont bâties elles-mêmes sur la lumière et la recherche de l’harmonie. Comment faire une œuvre à partir d’une autre œuvre, en évitant de la documenter ou pire de la commenter ? Comment prendre des détails, respecter les fondements esthétiques de l’architecte, rendre immédiatement reconnaissables les objets photographiés (pour ceux qui sont un peu familiers), tout en faisant une œuvre photographique réellement originale ? Comment l’imaginaire d’un photographe se confronte-t-il à celui d’un maître de l’architecture ? Comment témoigner l’approche pictorialiste d’un autre (Le Corbu ) tout en développant la sienne (Le photographe) ?

Paradoxalement, dans cette exposition, il n’est pas question d’architecture (sauf le cadre splendide qui disparaît dès qu’on regarde les photos…), mais de peinture et de photographie !

Le Corbusier se considérait avant tout comme un peintre.

« On ne me connaît que comme architecte, on ne veut pas me reconnaître comme peintre, et cependant c’est par le canal de ma peinture que je suis arrivé à l’architecture. »

En effet, le Corbusier avait créé le purisme avec A.Ozenfant dans les années 20, en opposition au cubisme et à l’abstraction. Il a progressivement fait évoluer son style, initialement nourri de l’observation des objets et de leur mise en harmonie par la rigueur, jusqu’à la sensualité de formes féminines dans des compositions complexes et denses. En revanche, ses recherches en architecture étaient d’un type complémentaire : le volume, l’extrême lisibilité et la rigueur du tout, le projet sur l’homme, un rien totalitaire cependant… Cette architecture splendide avait un point central : le traitement de la lumière, notamment grâce à l’usage des couleurs primaires.

On déambule, la couleur se détache des vitraux de Ronchamp, Le cabanon dialogue avec le ciel, le couvent de la Tourette ne conserve que sa lumière et la Cité radieuse libère son Modulor.

Dans ce voyage imaginaire entre réalité et abstraction, l’œuvre de Jean-Pierre Porcher sonne parfaitement. Il est dans « l’esprit des lieux » corbuséens, et cela sans jamais prendre un bâtiment dans son ensemble, en se contentant de simples détails. Il tire des photos sur des tirages mats exceptionnels que l’on pense être des peintures. Il joue sur les multiples approches de la lumière, les fameux puits de couleurs de la Tourette sont des réussites. Paradoxalement, la vibration photographique rend compte de la rigueur et du dépouillement du style moderne. La rigueur et les détails de l’accrochage sont des rappels discretsde la rigueur corbuséenne, etc.

Cette promenade architecturale ou « promenade picturale », est bien une relecture de plusieurs œuvres majeures de Le Corbusier en France :
. La maison La Roche à Paris,
. La villa Savoye à Poissy,
. Le pavillon Suisse à la Cité Universitaire à Paris,
. L’appartement atelier de Le Corbusier à Paris,
. La cité Radieuse à Marseille,
. La chapelle de Ronchamp,
. Le couvent de La Tourette,
. Le cabanon au Cap Martin.

La poésie photographique est accentuée par la poésie des textes ou des titres choisis par Sophie Lannay



A cette occasion Jean-Pierre Porcher publie un livre intitulé « Je rêvais » aux Editions Trans Photographic

Ce projet est soutenu par La Fondation Le Corbusier.

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