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Jacotte Chollet et Hugo Verlinde. Zen Garden

Samedi 3 octobre, Nuit Blanche 2020 à Saint-Merry : deux artistes complices, chercheurs des arts numériques et sonores, offrent une expérience poétique bienvenue dans la lourdeur de la COVID.

Étrange Nuit Blanche parisienne où la lutte contre la COVID a bouleversé l’organisation du grand évènement d’octobre. « Zen Garden » : quel titre pour l’œuvre de Saint-Merry ! Il est en concordance avec le thème choisi par les organisateurs « Commune présence », qui est à la fois le titre d’un poème du très jeune René Char et d’un recueil de ses poésies dans lequel « se déploient les grands thèmes d’une création qui, sans faiblesse, fait toute la place à la beauté, qui proclame qu’il n’y a pas de fatalité douteuse attachée à l’action et que l’homme, avec sa part de rêve, son poids de tendresse, ses désirs fougueux ou fragiles, peut sortir du chaos, grandi et inentamé. » (Georges Blin)

La question du rapport de la nature à la ville est abordée en filigrane dans différents lieux parisiens en 2020.
Deux photos de Hugo Verlinde :

A Saint-Merry, le Zen Garden est l’église elle-même, vidée de ses chaises, où flotte au milieu de la nef un écran sous forme de voiles dans un univers sonore exceptionnel. La nef devient un espace de déambulation avant tout dans le son, qui ordonne les images lumineuses. En ondulant sur les piliers, celles-ci révèlent autrement le bâtiment.

Deux regards sur cette œuvre
– Le duo Philippe Mollon-Deschamps et Philippe Haas lors de la Générale du 2 octobre
– L’artiste Hugo Verlinde lors de la Nuit Blanche du 3 octobre

ZEN GARDEN A SAINT MERRY from PHILHAAS on Vimeo.

Zen Garden - Nuit Blanche 2020 from Hugo Verlinde on Vimeo.

Zen Garden est aussi le titre d’une des séquences musicales de Jacotte Chollet, musicienne des profondeurs et musicothérapeute, dont les créations ouvrent à un espace intérieur hors du temps. Avec ses images numériques, Hugo Verlinde, dont une autre œuvre se trouve dans la crypte de l’église « Quarante jour dans le désert », sert la partie sonore. Ses huit petites vidéos en boucle générées par des modèles mathématiques explorent les vertiges de l’ensoleillement.

Cette dénomination sied bien à l’atmosphère minimaliste de Saint-Merry lors de cette nuit : une église vidée de ses chaises et de ses objets habituels, un espace sonore de déambulation libre, avec un écran translucide ressemblant à des foulards de soie et vibrant à l’air.
Cette installation d’une nuit rassemble des recherches menées par l’artiste depuis une dizaine d’années.

La scénographie est une transposition d’ Altaïr, une mise en scène sur une grande place de Séoul par Hugo Verlinde en 2008 pour le centenaire de la naissance d’Olivier Messiaen.

Zen Garden est la traduction visuelle du monde des modèles mathématiques d’Hugo Verlinde que l’on avait découverts lors de l’exposition étonnante « Mathématiques, un dépaysement soudain », à la Fondation Cartier en 2012 (Lire Voir et Dire), où les mathématiques étaient présentées dans la beauté de leur formulation, dans l’efficacité de leur explication des phénomènes naturels, dans leur interprétation fascinante par les artistes.

« Il s’agit d’une expérience vibratoire. Il y a à l’intérieur de nous des espaces infinis à découvrir pour être à la hauteur de qui nous sommes. Invitation à la légèreté et ouverture à la création » annonce l’artiste.
Jean Deuzèmes

https://www.multidimensionalmusic.com/