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Christian Marclay. The Clock



L’œuvre vidéo de 24 heures, Lion d’or à la Biennale de Venise 2011, est revenue à Beaubourg ! Des milliers d’extraits de films sonnant le temps minute par minute. Jusqu’au 2 juillet. Exceptionnel et palpitant.

L’œuvre de Christian Marclay est composée de milliers de séquences de films où apparaissent une horloge, une montre, un réveil donnant l’heure à laquelle se situent ou l’acteur ou l’action. Mais ce temps est aussi exactement celui du spectateur en train de regarder le film, l’œuvre étant calée sur le fuseau horaire du lieu où elle est regardée.

Le temps du film s’identifie ainsi au temps réel. Le son est fait de « clic clac », de talons qui claquent et a autant d’importance que les extraits de films. Ceux-ci sont de tous types : noir et banc, couleur, avant-gardes, série B, comiques ou drames. Rendu visible, par ces plans d’objets donnant l’heure ou énoncé par les acteurs, le temps n’est plus abstrait, mais hyper concret, il court devant les yeux, dans les oreilles ; son écoulement est impossible à juguler.

De ce « memento mori », il est difficile au spectateur de s’extraire sauf par épuisement .

[**Voir et entendre un extrait de l’œuvre de Christian Marclay *]

Ce chef d’œuvre pousse à un point extrême l’esthétique de la citation, du fragment et de l’emprunt que le mouvement Dada et Marcel Duchamp avaient initiée. Cela traduit parfaitement le courant Fluxus des 60’s qui ne voulait pas séparer l’art de la vie.

Ici le temps se présente de multiples manières :
  le temps narratif du film, puisque l’on découvre ou redécouvre des films par extraits, dont la narration est brisée pour une autre, celle de Christian Marclay
  le temps biologique du spectateur qui voit sur l’écran l’heure qu’il est mais plus encore ressent le temps qui passe inexorablement de minute en minute, la notion d’heure étant submergée par celle de durée
  le temps personnel du spectateur qui se souvient du film qu’il a vu dans le passé et qui réactualise d’autres souvenirs de portes qui claquent, de personnes aimées qui s’en vont, etc. Le temps imaginaire devient réel. Un cauchemar ?

The Clock, par ses plans savamment enchaînés est aussi une fantastique machine à remonter le temps et à en perturber la linéarité première, les films de 2005 pouvant précéder ceux de 1930 et cela sur un siècle de cinéma.

En s’asseyant devant l’écran, le spectateur, tel Alice, plonge dans une vision en abyme.

L’œuvre musicale et son rythme sont inséparables du fleuve visuel. Le son, les voix, les bruits jouent des rôles fondamentaux et nous enferment encore plus dans les engrenages du projet artistique d’un cinéaste qui est musicien et compositeur.

Techniquement, la force de l’œuvre tient à la qualité et à la diversité des transitions des séquences qui peuvent être de 5 secondes à 1 minute. Le son - musique, bruit ou voix - a ce rôle fondamental d’assurer le lien entre les plans de films successifs différents, mais formellement ou dramatiquement liés, y compris par la rupture de style cinématographique.

Palpitemps…

V&D


Présentation exceptionnelle en accès libre,24 / 24h le 21 juin à l’occasion de la Fête de la musique et le 2 juillet 2014.

Exposition du 17 mai 2014 au 2 juillet 2014
de 11h00 à 21h00
Espace 315 - Centre Pompidou, Paris