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Donation Florence et Daniel Guerlain, Centre Georges Pompidou
500 dessins provenant d’un don de collectionneurs passionnés. Une découverte : la dimension internationale et la multiplicité des formes démontrent que ce que l’on appelle dessin est un véritable continent.

Le dessin revient en force sur la scène de l’art. Un couple de grands collectionneurs passionnés de cette forme a donné 1200 œuvres au Centre Pompidou, qui en expose près de 500 au cabinet d’art graphique.
L’exposition est étonnante car elle montre la liberté du dessin contemporain, la diversité des ses formes et de son style, la dimension internationale ; elle laisse plus ouvertes que jamais les finalités de ses créateurs.
Cette exposition est aussi le témoignage de deux passionnés de cette forme d’art qui passe leur vie à découvrir dans le monde entier, à acheter, à collecter, à promouvoir.

Si cette exposition est rendue inconfortable par la présence de vitres de protection qui introduisent les reflets des éclairages, les silhouettes des autres visiteurs, elle donne aussi le vertige par la densité des œuvres accrochées et leurs genres. La sobriété, voire la sécheresse de l’accrochage, de simples cartels nommant l’artiste, l’œuvre, sa taille sans aucun commentaire, traduisent un choix - ne pas perturber le visiteur et le laisser libre -, et probablement une impossibilité : la synthèse d’un art qui ne cesse de pousser sa liberté dans un monde où les créateurs croissent et sont autant de visions sur la place du dessin dans l’art. Le beau catalogue raisonné est une occasion de découvrir la place du dessin chez des artistes qui fréquentent d’autres arts et prendre du champ.

Si le dessin était à l’époque classique en Occident une ébauche au crayon sur papier, la grande œuvre étant le tableau, il était en Orient, avec l’encre et l’usage des pinceaux, un dérivé de la peinture ; dans la mesure où aucune correction ne pouvait être faite, qu’il soit calligraphie ou dessin réaliste, il devait exprimer l’essentiel d’une pensée avec une économie de moyens. Le dessin étant plus facile à transporter qu’une toile, il est devenu aussi un moyen documentaire et bien sûr a pris une autonomie de plus en plus grande avec la critique de l’académisme, en explorant d’autres champs de la sensibilité, par de multiples glissements.


Puis, le dessin a suivi les mouvements de la peinture et des arts, en s’hybridant, en changeant les supports, le papier n’étant qu’un parmi d’autres, la peau des hommes et des animaux faisant irruption, Wim Delvoye exposant la peau d’un cochonqui a été tatoué de son vivant. Le crayon et l’encre ont laissé place à la peinture, aux « média mixtes ». Le dessin a été nourri de l’écriture insérée, s’est ouvert au mouvement, avec les séries. S’il est à la base du 9ème art, la BD, en retour ce genre l’a fortement influencé en introduisant de nouvelles approches de l’imaginaire ou des mises en scènes, tandis que plusieurs dessins pouvaient être mobilisés ensemble pour n’en faire qu’un, devenant des sortes d’installations, voire des sculptures. Mais ce sont surtout les sujets qui ont été les lieux des bouleversements majeurs.
Qu’est-ce qui fait dessin aujourd’hui ?
Une technique qui est à la confluence de la fragilité, de la mobilité et de la légèreté ?
« C’est le premier geste qui transmet du cerveau à la main. » (Daniel Guerlain)
