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Skall. Narcistà



Étrangement belle, une œuvre de tissus reformule le mythe de Narcisse, avec humour. L’un des trois actes d’un plasticien à la fois performeur, sculpteur et photographe. Une façon de pratiquer l’autoportrait.

La Galerie Saint-Séverin ne cesse de surprendre, en dépit de la petitesse de sa vitrine. Une galerie standard utiliserait les multiples espaces dont elle dispose pour montrer la diversité des talents d’un même artiste. Le Commissaire a décidé de se jouer de la contrainte spatiale et partage le temps de l’exposition en trois séquences, l’ensemble portant le titre « Vanità - Narcistà – Futilità »
Narcistà attire immédiatement le regard par le chatoiement des couleurs et sa structuration : un habit sur son cintre ? Un personnage avec une pièce ronde en forme de tête dans les hauteurs des lés verticaux ? Un épouvantail relevant d’une religion exotique ?

À y regarder de plus près, le passant découvre la superposition de tissus dont on peut s’amuser à imaginer l’origine : religieux d’Extrême-Orient, militaire, apparat, ordinaire, de France et d’ailleurs. Des broches féminines, des décorations réelles ou d’opérette la rendent semblable à un champ de fleurs visité par des insectes. Maîtrise et jouissance se combinent dans une pièce dont on aurait de la difficulté à dire la provenance, si elle faisait partie d’une exposition ethnographique !
Sans nul doute, il s’agit de l’autoportrait d’un plasticien qui a beaucoup voyagé, et que l’on découvre avec son humour propre et son goût vestimentaire cosmopolite. Devant cet homme, cinq pièces de verre taillé, délicatement posées sur le plancher blanc : des pierres d’un ruisseau ? La symbolique de celui-ci ?

Le titre se fait clairement comprendre : une revisitation très personnelle de Narcisse. On se plait à imaginer qu’après une performance, l’artiste a délicatement accroché son habit de théâtre, ses « restes ». Il a disparu.

Jean Deuzèmes.

Les mots du Commissaire :

Avec Narcistà, Skall s’éloigne de la représentation physique pour aborder une vision mentale et définitivement positive du narcissisme, celui d’un reflet bien concret et palpable qui se dessine avec le temps, la connaissance et la nécessité de ne jamais perdre et d’avancer avec soi-même.
[…] Bien sûr il est impossible de ne pas penser à ce charmant Narcisse, tellement auto-amoureux qu’il se noie dans son reflet, représenté de façon magistrale par un Michelangelo Caravage (1571-1610) qui bouleverse les règles du choix des modèles ou un Nicolas Poussin (1594-1665) qui campe son personnage dans une fragilité psychique.

Skall est connu pour sa triple production dans les arts plastiques : la performance qu’il débute en 1984, la sculpture depuis 1989 et la photographie débutée en 2003 donnant une suite à ses performances. Dans ses trois pratiques pouvant sembler si éloignées l’une de l’autre, l’artiste arrive à leur conférer des similitudes, des parallèles et des unions et apporter cependant une homogénéité. Ses sculptures, comme ses performances, sont des constructions maîtrisées avec des formes ou des expressions issues de diverses cultures proches ou lointaines, parfois enrichies de quelques touches instinctives mais jamais aléatoires. C’est sans doute le fait d’avoir vécu dans des pays lointains qui a permis à l’artiste, depuis le début de son œuvre, de ne jamais avoir d’apriori à associer des œuvres dîtes classiques à des œuvres issues de la culture populaire ou ethnique et conçues dans des matériaux les plus nobles comme les plus simples. Il dit de lui : « je travaille mon corps comme un papou et je ritualise les objets ».

Pour Vanità - Narcistà - Futilità , Skall va expérimenter une nouvelle expression corporelle, une nouvelle attitude artistique en mêlant ses pratiques. Pour le vernissage, l’artiste installé derrière la paroi de verre de la Galerie Saint-Séverin qui dès lors s’apparente à une petite scène de théâtre, va « performer » le montage de son exposition composée d’œuvres et d’objets issus de sa collection personnelle. Il installera sur les parois et posera au sol des objets simples comme des objets sophistiqués, des cadeaux qu’il a reçus et des œuvres créées par d’autres artistes comme issues de sa production. C’est une forme d’autoportrait, un paysage de l’intime regroupant des souvenirs chers, des coups de cœur mais également des objets devenus des manifestes personnels.
Vanità - Narcistà - Futilità est surtout le manifeste d’un esprit libre, celui de Skall qui, avec une ouverture optimale sur la Culture, aux données universelles, nous propose une réflexion universelle et sophistiquée, réfléchie et esthétique ; une réflexion qui traite du divin, du sacré et de l’art. Skall dessine sur les murs de son « théâtre de campagne » une définition de sa cosmographie.

Yves Sabourin

Né en 1960, Skall, performeur et plasticien, vit et travaille à Paris.

« Skall assemble plus qu’il ne sculpte […] En détournant les objets de leur fonction initiale, l’artiste transmute leur sens. Il convoque les objets sacrés d’Asie, d’Inde ou d’Afrique, prenant un malin plaisir à jouer avec nos codes, ceux du sacré et du profane. La contemplation de ces assemblages allie dans un même mouvement dévotion et dérision. Certaines pièces évoquent totems ou objets de culte mais les matériaux utilisés - brillants, lisses et aux couleurs pimpantes - loin de marquer le respect et le recueillement, font souvent sourire.
Cette fantaisie pourrait être de l’ordre de l’ironie, questionnant la valeur sacrée des œuvres d’art dans notre monde contemporain, avec en toile de fond l’idée de vanité des biens terrestres. Skall met ici en scène la question de la valeur des objets et celle de l’acte artistique, intégrant le temps de la création et celui de la transformation qui vient comme par magie donner une valeur sacrée à des objets de pacotille. »
Marie-Jeanne Caprasse, 2012

Voir la performance de « Vanità » https://youtu.be/C_7DaaoiZHg


Vanità_1e partie, du 7 octobre au 2 novembre 2017,
Narcistà_2e partie, du 3 au 23 novembre 2017
Futilità_3e partie, du 24 novembre au 10 décembre 2017
Performance vendredi 24 novembre de 19h à 21h

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