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Roman Ondak. Measuring the Universe



Au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, une expérience collective impliquant chaque visiteur. Ludique, conceptuel et hors normes.

L’œuvre de Roman Ondak qui s’est « déroulée » du 9 septembre au 16 décembre 2012 est caractéristique de son approche impliquant le spectateur et amenant celui-ci à poser un autre regard sur le monde extérieur. Avec cette œuvre, il s’agissait de dévoiler ce qui est invisible : les milliers de visiteurs qui passent par le musée.

En marquant la taille du visiteur qui en faisait la demande, un gardien de musée traçait un trait au marqueur sur des murs, indiquait le prénom et la date. Drôle, obligeant le spectateur généralement passif à entrer en relation, cette procédure totalement décalée par rapport à la pratique du musée posait la question de la mémoire, de la trace laissée par chacun sur terre, fût-ce simplement en un lieu d’exposition.

V&D revient sur cet acte de création.


Le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris a invité l’artiste slovaque, Roman Ondak, dont l’œuvre minimaliste et conceptuelle se développe généralement à partir du contexte dans lequel il est amené à intervenir. Cet artiste crée des situations, des points de vue inhabituels où le regard posé sur le monde extérieur se transforme. Parmi ses multiples œuvres, il en fut une inoubliable pour le visiteur : Measuring the Universe, Mesurer l’univers, dont le principe avait été défini en 2007 et qui a beaucoup tourné dans le monde des musées.

Cette œuvre évoque le désir de l’être humain de prendre la mesure de l’univers. À la frontière de l’installation et de la performance, elle sollicite de manière égale le personnel du musée et les visiteurs, qui la construisent progressivement. Avec un feutre noir, un agent trace une ligne horizontale pour marquer la taille du visiteur qui le souhaite et, à droite de cette marque, son prénom et la date. Si le personnel du musée est seul autorisé à écrire sur le mur, chaque visiteur peut choisir son emplacement. Il fait ainsi deux choix : entrer en lien avec un anonyme ; choisir le lieu de sa marque au milieu des autres traits.

« Dans cette démarche, le fossé qui sépare traditionnellement l’artiste et le profane est aboli.
Le public fait partie intégrante de la conception de l’œuvre, au lieu d’en être le simple témoin. Cette œuvre dévoile ce qui est habituellement invisible dans un musée : les milliers de visiteurs. Désormais, leur présence sur un jour donné devenait palpable. Mais, compte tenu du flux désordonné et de la circulation imprévisible des visiteurs, il s’agit d’un échantillon du monde : la création est éphémère et existe surtout dans l’esprit du public, d’autant plus qu’avec l’afflux des visiteurs, les inscriptions se fondent dans une masse indéterminée, à l’instar de l’individu qui n’est ni mesurable, ni stable, mais fluctuant.

Un acte personnel, tel qu’on le trouverait sur les murs d’une chambre d’enfant, est donc hissé à l’échelle d’un musée. Ondák crée un espace d’expérimentation, de réflexion, ainsi qu’un espace temporel. (livret de présentation) »

Laisser ainsi son prénom individuel et la date de son passage dans un musée, bien loin de la pratique du cœur gravé sur arbre, avec des initiales et une date, pose la question de la mémoire et de la trace de l’homme. Le spectateur est seul, son prénom est sur le mur du musée, comme une donation anonyme et éphémère et surtout il engage un tiers : le gardien, qui est à la fois acteur, témoin et garant de la procédure. Un mélange du tiers bienveillant et de l’organisation d’un ordre, où l’on a de la liberté. Quel programme politique pour un musée !

Jean Deuzèmes

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Photos prises le 27 octobre 2012 à 15 heures

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