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La Fondation Louis Vuitton. L’œuvre de Frank Gehry



Les industries du luxe combinent art contemporain et architecture pour accroître leur positionnement d’image. À Paris, la concurrence Pinault-Arnault prend une nouvelle tournure. Splendide.

Les grandes fortunes ne se contentent pas de collectionner, elles font construire des musées privés. C’est à qui sera le plus fort.

Vu du ciel, on dirait un dolmen translucide qui émerge de la forêt… Vu de l’intérieur, c’est une promenade qui descend du quatrième niveau jusqu’à la cascade du sous-sol en traversant les galeries d’exposition.

Cette œuvre splendide et saluée unanimement ne doit pas faire oublier que construire à Paris est désormais très difficile du fait de l’opposition des riverains prêts à tout pour "ne pas bétonner le Bois de Boulogne". François Pinault avait déjà dû renoncer à son projet à Boulogne.

Architectes stars

Depuis le musée Guggenheim de Frank Lloyd Wright à New York en 1959, les gestes architecturaux se sont succédés : le Centre Pompidou, la Fondation Cartier, la pyramide du Louvre à Paris, le musée Guggenheim à Bilbao, le Maxxi à Rome, le Centre Paul Klee à Berne sont des exemples réussis. On va voir le contenant autant que le contenu. L’architecte Frank Gehry réussit encore une fois à nous étonner avec son immense sculpture…

Une gestation difficile

Bernard Arnault est subjugué par le musée Guggenheim à Bilbao et rencontre Frank Gehry en 2001. Ce dernier fait les premiers dessins en 2002 après avoir visité le site. Mais il faut encore quatre ans pour résoudre les défis techniques posés par le projet. Un logiciel de conception conçu pour l’aéronautique par Dassault est adapté pour l’architecture. Et il faudra encore huit ans pour le construire…

Entre Paris et le bois de Boulogne

On n’est pas déçu par cet assemblage monumental d’acier et de bois, par ces 13000 m2 de nuages de verre, par ces perspectives vertigineuses qui surplombent le Jardin d’Acclimatation. Des œuvres d’art sont intégrées au bâtiment : les colonnes lumineuses kaléidoscopiques, jaunes et miroir, d’Olafur Eliasson se reflètent dans le bassin, le rideau arc-en-ciel d’Ellsworth Kelly illumine l’auditorium, la rose-totem d’Isa Genzken accueille le visiteur à l’entrée.

Intrigant mais bien intégré

Dans la galerie N°10, un jeune homme sérieux en plâtre, haut de 6 m, tient une baguette de sourcier, enfoncé dans la boue à mi-cuisse. Je m’étonne auprès de la médiatrice du paradoxe : on n’a pas besoin de chercher d’eau dans la boue. Elle m’explique que Thomas Schütte ne parvenait pas à stabiliser son œuvre et qu’il y est parvenu en la calant de cette façon sur une grande base circulaire. En somme c’est un constat d’échec… À aucun moment, je ne me suis demandé comment cette énorme sculpture était arrivée dans cette salle, tellement elle semblait y être à sa place.

Mémoire collective accélérée

Après ces sensations fortes, les galeries sont un brin austères. On sent que l’immeuble est mis en vedette et que les œuvres d’art ne sont pas encore vraiment installées. Dans son coin, le cabinet d’images de Christian Boltanki déverse sur trois écrans un flot d’images folles des 60 dernières années que l’on peut immobiliser d’un geste.

Philippe Mollon-Deschamps