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ANOUK RABOT, MAX COULON, « UNE CRÈCHE », SAINT-EUSTACHE 2017

mardi 26 décembre 2017

Saint-Eustache continue à surprendre par ses méthodes, en proposant non pas une crèche, mais trois de nature différente ! La crèche des enfants, toute en sincérité, celle des « adultes », intense car réduite à trois personnages, et enfin la crèche d’Anouk Rabot et Max Coulon, lauréats d’un appel à projets auprès des étudiants des Beaux Arts, ayant bénéficié d’un mécénat pour la réalisation.

Anouk Rabot, Max Coulon, « Une crèche ». Saint-Eustache 2017 from Voir & Dire on Vimeo.

On voit ainsi émerger dans quelques églises prenant l’art contemporain au sérieux des systèmes de financements et de choix qui déplacent la manière d’appréhender l’art religieux populaire.
Ce qui est à voir n’est donc pas la crèche, mais une crèche, une installation affirmant sa modernité où les personnages sont remplacés par des formes architecturales, une crèche urbaine et non rurale. En alliant le dessin, la lumière, les boîtes, elle se veut pourtant narrative en puisant dans le vaste champ des représentations de ce mystère, en réinterprétant le caractère merveilleux lié spécifiquement à l’Évangile de Luc. En allumant successivement ses box, elle exprime une pensée du dévoilement. Cet ensemble assimilable à une sculpture joue en outre avec l’architecture du lieu, en enlaçant un pilier.
Une approche originale et belle.
Jean Deuzèmes

Présentation par la commissaire de l’exposition
« Dans l’évangile de Luc, l’endroit où Jésus a été déposé à sa naissance est désigné par le mot « mangeoire » d’où est issu le mot « crèche ». Un des symbolismes de la crèche est le rappel du dépouillement et de la pauvreté du lieu de naissance du Christ. Les plus anciennes représentations paléochrétiennes de la Nativité connues datent du IIIe siècle, mais c’est surtout aux IVe et Ve siècles qu’elles deviennent plus nombreuses. Au fil des ans, la crèche s’ouvre sur un espace plus large où sont rassemblés les personnages de la Nativité, allant même jusqu’à la mise en scène de « Mystères » devant le portail des églises.
Anouk Rabot et Max Coulon sont les lauréats de l’appel à projets pour la réalisation d’une crèche contemporaine qui a été lancé, pour la deuxième année, en association avec le fonds de dotation Rubis Mécénat, auprès des étudiants de l’École des Beaux-Arts. Anouk a privilégié le travail du dessin, Max celui du bois. Tous deux ont voulu prolonger cette ouverture sur l’espace dont la crèche a fait l’objet et composer avec la lumière. Une série de dessins, présentés dans de petites boîtes, se déroule autour d’un des piliers de l’église pour scander le cheminement qui nous mène à la naissance de Jésus. Chaque jour une boite s’allumera jusqu’à la nuit de Noël où toutes brilleront ensemble pour annoncer sa venue parmi nous. Quant aux Rois mages, ils arriveront à la date prévue !
« Nous vous proposons une crèche qui se tourne vers l’extérieur et vient distribuer les images qui en composent le récit. Une structure éclatée se greffe à l’église, vient enlacer une colonne de pierre, c’est l’ossature de la crèche. La crèche est un réseau de poutres et de formes peintes qui distribue les boîtes lumineuses autour de la colonne. Ces boîtes diffusent des scènes gravées. Comme en écho à la technique du vitrail, la surface tracée laisse passer la lumière, produisant ainsi un dessin qui éclaire. A l’aide d’images silencieuses et pourtant parlantes, elles nous racontent la naissance de Jésus. »
Anouk et Max n’ont pas oublié ce qui les a précédés et ils s’en sont nourris. Revoir les tableaux de la Nativité au Louvre, visiter à plusieurs reprises Saint-Eustache pour s’imprégner de son architecture, relire les textes des évangiles, tout cela a fait partie de leur réflexion. Mais pour ces jeunes artistes ancrés dans leur époque, la crèche n’est pas uniquement une simple image qui se nourrit de la tradition. Ils nous en proposent une nouvelle matérialité et nous montrent ainsi qu’elle est un lieu de vie qui doit rester vivant. Une invitation en somme à rester éveillés, à garder notre lampe allumée et à en partager la lumière dans la joie.

Françoise Paviot, chargée de l’art contemporain à Saint-Eustache